Programmes de recherche et groupes de réflexion
La Fondation participe régulièrement à des programmes de recherche et des groupes de réflexion qui visent à contribuer à l’avancement des connaissances utiles à l’éducation, et à la traduction concrète de ces connaissances dans la pratique enseignante.
Participation à des projets de recherche
KIDIVAX
En 2022-2023 la Fondation est engagée dans le projet KIDIVAX, porté par l’Institut Jean Nicod (ENS-PSL) et financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR). Le projet vise à évaluer l’efficacité d’un ensemble d’activités pédagogiques sur les vaccins, en cohérence avec les programmes scolaires, et ceci afin d’améliorer les connaissances des élèves, leurs compétences scientifiques aussi bien que leur esprit critique.
Les résultats du projet permettront notamment de connaître la valeur respective d’actions pédagogiques réalisées en classe (visant à accroître la connaissance des élèves quant aux méthodes et aux acteurs de la recherche vaccinale) et d’actions innovantes basées sur la technologie (un chat bot permettant un échange personnalisé sous forme de questions et réponses). Le but final est d'identifier quels sont les éléments constitutifs d’une action d'éducation/communication efficace, notamment dans le cadre d’un contenu scientifique faisant l’objet de contestation dans la société.
La recherche-action se déroule en milieu scolaire. Elle consiste à comparer les résultats obtenus par différents groupes d’élèves lors d’un pré-test et d’un post-test et la progression relative d’un groupe qui reçoit uniquement l’intervention pédagogique, par rapport à celle d’un groupe qui interagit uniquement avec le support de communication (chatbot) et à celle d’un groupe qui fait l’objet des deux interventions. Le test permet d’évaluer les connaissances acquises par les élèves grâce aux interventions proposées, l’impact sur la confiance en la science, sur la curiosité scientifique et sur la perception et l’attitude envers les vaccins.
Ce dernier point, qui dépasse le seul cadre pédagogique, intéresse plus particulièrement les partenaires du projet car, contrairement aux adultes, les enfants et les adolescents n’ont pas fait à ce jour l’objet d’études spécifiques à ce propos. La réalisation du projet permettra donc en principe d’élargir leurs connaissances concernant les problématiques d'adhésion/hésitation par rapport à la vaccination.
Que fait La main à la pâte dans le cadre de ce projet ?
La Fondation a élaboré et mis à disposition des enseignants des activités pédagogiques en lien avec les vaccins et la vaccination, dans le cadre d’un projet qui comprend également la production de deux tutoriels d’accompagnement pour les enseignants et de supports multimédia concernant les tests de vaccins et l'impact de la vaccination sur la santé publique.
Les résultats du projet
Les résultats sont attendus pour le mois de juin 2023.
Éduquer l'esprit critique, un projet financé par l'Agence nationale de la recherche
Entre 2018 et 2022, la Fondation a participé au projet EEC - Éducation à l’esprit critique, financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et visant à identifier des stratégies efficaces pour le développement de l’esprit critique et à produire des outils d’évaluation dédiés, afin de pouvoir mesurer la progression des élèves dans l’acquisition de nouvelles capacités et attitudes en la matière. Bien que le développement de l’esprit critique soit un enjeu crucial pour l’éducation - et pour notre société - beaucoup d’incertitudes subsistent quant aux stratégies les plus efficaces pour obtenir ce résultat. En outre, très peu d’outils d’évaluation ont été développés pour un public jeune. Pour répondre à ces besoins, la Fondation La main à la pâte a collaboré avec le LP3C-Laboratoire de Psychologie : Cognition, Comportement, Communication, l’IJN-Institut Jean-Nicod, le LIED-Laboratoire Interdisciplinaire des Energies de Demain, CHArt Cognitions humaine et artificielle (CHArt) et INNOVAXIOM.
Qu’a fait La main à la pâte dans le cadre de ce projet ?
L’équipe La main à la pâte a :
- contribué à l’élaboration du rapport qui a permis de fournir un état des lieux et des propositions concrètes, fondées sur la recherche, pour l'éducation à l’esprit critique : Éduquer l’esprit critique” - EEC - Rapport juin 2020 ;
- produit des séances pour la classe et accompagné les enseignants dans leur mise en place, puis utilisé des évaluations pour mesurer l’impact des activités réalisées sur le développement des capacités d'esprit critique des élèves.
L’étude expérimentale incluse dans le projet
Dans le cadre de l’étude expérimentale ayant pour but la mesure de l’impact d’activités pédagogiques visant le développement de l’esprit critique, une intervention pédagogique a été conçue pour renforcer la capacité des élèves à discriminer les preuves de bonne qualité concernant les faits naturels et à ajuster leur confiance dans leurs jugements spontanés. Plus précisément, l'intervention s'est concentrée sur le rôle des observations multiples et répétées pour générer des preuves de bonne qualité. L'intervention a consisté en 3 leçons d'une durée totale de 6 heures destinées à des élèves de CM2, proposées dans le cadre de cours de sciences. Le contenu des leçons était conforme au programme de sciences, et portait sur le thème de la biodiversité.
Vous pouvez consulter ici les contenus des trois activités de classe :
- Le suivi scientifique de la biodiversité : Les moineaux disparaissent-ils de Paris ?
- Le suivi scientifique de la biodiversité : Où vit le lynx boréal ?
- Le suivi scientifique de la biodiversité : Les ours polaires subissent-ils le changement climatique ?
Le groupe expérimental (A) a bénéficié d'une intervention basée sur l'entraînement implicite+explicite de la pensée critique. Dans cette approche, les élèves sont guidés par leurs enseignants à expliciter la manière dont les observations multiples rendent les résultats plus fiables, et à trouver de nouveaux cas concrets de la vie quotidienne où ce critère de l’esprit critique peut être appliqué (phase "d'explicitation et de transfert"). Le groupe B (groupe de contrôle actif) a reçu une intervention basée sur les mêmes leçons de sciences que le groupe A, sans phase “d’explicitation et de transfert" (formation purement implicite). Un troisième groupe (C) (groupe témoin passif) et n'a reçu aucune intervention.
Les résultats du projet
Les résultats du projet peuvent être consultés sur cette page : https://ideasinscience.org/EEC, via la vidéo suivante : https://youtu.be/xxjKtVQd00g.
Les résultats appuient l'hypothèse selon laquelle la pensée critique peut être éduquée, notamment par une combinaison de :
- pratique active à partir de cas concrets riches en contenu scientifique ;
- guidage explicite vers la généralisation, la conceptualisation et le transfert.
En effet, la probabilité de fournir des réponses correctes au post-test augmente davantage dans le groupe expérimental par rapport aux groupes témoins. L'intervention s'est avérée utile non seulement pour améliorer les réponses au test concernant le critère directement travaillé (observations multiples), mais a également révélé un transfert vers des critères connexes, et même à certains aspects de la métacognition. En ce qui concerne la justification apportée par les élèves à leurs réponses, une relation positive entre la précision et la qualité de la justification est observée à la fois au pré-test et au post-test pour tous les groupes. Mais il est intéressant de noter que cette relation est significativement plus forte après l'intervention dans le groupe expérimental par rapport aux groupes témoins, alors qu'elle était similaire avant l'intervention. Cela confirme la conclusion selon laquelle, au-delà de l'amélioration pure et simple de la précision, l'intervention a eu un effet direct sur la compréhension et la justification du choix correct de réponse.
Les enseignants ont apprécié tout en particulier le caractère intégré et innovant des activités proposées pour la recherche. Voici quelques commentaires appréciations :
“Un cours qui intègre un enseignement de l’esprit critique à celui de la méthode scientifique et des connaissances scientifiques.”
“Une façon un peu différente de faire des sciences en classe.”
“Une façon de découvrir des nouvelles ressources originales.”
"Un travail centré sur les contenus des programmes donc pas de temps perdu !"
FORMSCIENCES
En 2013, la Fondation a participé au projet de l’Agence nationale de la recherche (ANR), FORMSCIENCES, portant sur « La formation des professeurs des écoles à l’enseignement des sciences par la démarche d’investigation ». Le projet avait un objectif principal : concevoir et mettre en oeuvre un dispositif d’évaluation capable de mesurer l’impact des actions de développement professionnel des enseignants sur leurs pratiques et sur l’apprentissage des élèves au cours du cycle primaire. Ces actions visent à former les enseignants aux pratiques pédagogiques fondées sur la démarche d’investigation dans les disciplines scientifiques. Une littérature conséquente analyse cette démarche pédagogique au sein des enseignements scientifiques. Toutefois, la quasi-totalité des travaux reposent sur des études portant sur un très petit nombre de sujets ou dans des cadres très spécifiques. Le projet FORMSCIENCES, coordonné par PSE-École d'économie de Paris (Marc Gurgand) a permis de mettre en place un dispositif d’évaluation dans des conditions écologiques (160 professeurs formés dans le projet) consistant en par une expérimentation aléatoire contrôlée, couplée avec une approche d’observation qualitative fine. L’outil d’évaluation utilisé a été le fruit d’une coopération entre économistes de l’éducation et experts en expérimentation sociale, didactique, sciences cognitives, et développement professionnel pour enseignants (les autres partenaires étant : André Tricot - ESPE de Toulouse - et Valérie Munier - ESPE de Montpellier).
Qu’a fait La main à la pâte dans le cadre de ce projet ?
Le projet s’est appuyé sur les actions de formation menées par les Maisons pour la science, liées à la Fondation La main à la pâte. En particulier, l’évaluation a porté sur un dispositif de développement professionnel continu en sciences, d’une durée de 60 heures environ, destiné aux enseignants de l’école primaire (cycle 3).
Les résultats du projet
Le projet a mis en évidence la nécessité de structurer davantage la formation en vue de la transposition des gestes appris en formation dans la pratique de classe. Sont notamment apparus :
> le besoin d’explicitation des aspects de la démarche scientifique dont les enseignants font l’expérience pendant la formation ;
> la nécessité d’indications plus précises (voire de scénarios guidés) pour la mise en pratique ;
> le besoin d’un suivi renforcé après la formation.
Autre bénéfice, le projet a permis à la Fondation de progresser dans sa réflexion sur le besoin de formes d’évaluation agiles, capables de fournir un retour d’expérience précis pour adapter rapidement les aspects -ici de la formation- les moins efficaces.
Pour une analyse des résultats :
- Bellue, S., Bouguen, A., Gurgand, M., Munier, V., & Tricot, A. (2022). Teacher Training, Teacher Practices and Student Performance in Science: Evidence from a Randomized Study in French Primary Schools.
- Munier, V., Bächtold, M., Cross, D., Chesnais, A., Lepareur, C., Molvinger, K., ... & Tricot, A. (2021). Étude didactique de l’impact d’un dispositif de formation continue à un enseignement des sciences fondé sur l’investigation. RDST. Recherches en didactique des sciences et des technologies, (23), 109-136. https://hal.science/hal-03542056
- Gurgand, M. (2018). Expérimentation scolaire : du laboratoire à la classe. Collège de France, Colloque « Le rôle de l'expérimentation dans le domaine éducatif », 1er février.
Accueil d’étudiants stagiaires et de doctorants
Afin de favoriser la recherche appliquée à l’éducation, la Fondation La main à la pâte accueille régulièrement des étudiants en thèse ou en master dont les travaux de recherche portent en particulier sur la thématique de l'éducation à l'esprit critique.
Participation à des projets de réflexion et d'échanges de pratiques
La Fondation La main à la pâte s’inscrit dans un mouvement national et international de réflexion autour de l’enseignement des sciences. Elle maintient pour cela des échanges avec divers acteurs, en France, en Europe et au-delà. Depuis 2004, La main à la pâte a coordonné cinq projets d’envergure qui ont contribué à installer dans le paysage européen les enjeux de l’enseignement des sciences.
Des groupes de réflexion internationaux
Depuis 2022, la Fondation La main à la pâte fait partie des membres (peers) du réseau international IDoS: International Dialogue on STEM Education, aux côtés de la Stiftung Kinder Forschen (Fondation des jeunes scientifiques) et de la Fondation Siemens, initiateurs du dialogue, du LUMA Center Finland, de l'Office for Climate Education, et du Smithsonian Science Education Center. IDoS a pour objectif de promouvoir l’enseignement des STEM au niveau fondamental et d'échanger entre pairs sur des sujets liés aux STEM mais aussi au développement durable et aux compétences du 21ème siècle.
Entre 2013 et 2019, la Fondation a participé au projet LINKS, soutenu par le programme Erasmus + de l’Union européenne et ayant reçu le label « Bonne pratique » du programme, attribué par l’Agence française. Le projet s’est attaché à répondre aux questions structurelles de conception et de mise en œuvre de politiques et de programmes de développement professionnel qui ciblent efficacement les besoins des enseignants.
Entre 2013 et 2016 a eu lieu le projet Sustain, dédié à l’enseignement des sciences face au défi du développement durable. Ce projet visait à développer des ressources destinées aux enseignants et aux formateurs d'enseignants.
Le projet Fibonacci, visant à assurer un transfert de savoir-faire efficace au niveau européen autour de l'enseignement des sciences fondé sur l'investigation, s’est tenu entre 2010 et 2013, a impliqué 60 établissements d’enseignement supérieur de plus de 25 pays européens et un total d'environ 2 500 enseignants et 45 000 élèves d’école primaire et de collège. Il a été soutenu par le 7e programme-cadre de l’Union européenne.
Entre 2004 et 2009, deux projets financés dans le cadre du sixième programme-cadre de l’Union européenne, SciencEduc et Pollen, ont été coordonnés par La main à la pâte. Ces projets avaient pour objectif de comparer les méthodes et actions des différents programmes de rénovation de l’enseignement des sciences dans lesquels s’engageaient alors certains pays de l’Union européenne, de partager les bonnes pratiques et de favoriser la prise de conscience, au niveau européen, de l’importance des enjeux de l’enseignement scientifique.
> Pour en savoir plus consulter la page des projets internationaux
Éduquer à l'esprit critique : la participation à un groupe de réflexion de l'OCDE
En 2015-2016, la Fondation La main à la pâte a participé au projet “Fostering students' creativity and critical thinking” lancé par l’OCDE. L’objectif : développer et mettre à l’épreuve un ensemble de ressources pédagogiques pour favoriser l’esprit critique et la créativité des élèves. Onze pays ont été réunis autour de ce projet.
Qu’a fait La main à la pâte dans le cadre de ce projet ?
La main à la pâte a contribué au premier cycle du projet en réalisant des interventions pédagogiques dans les écoles primaires des villes de Nancy, Troyes et Nogent-sur-Oise. Au total, 364 élèves ont été impliqués dans le projet. Elle a coordonné le travail local, tandis que le Laboratoire adaptations travail individu (LATI, Université Paris Descartes) a collecté les données sur la créativité. Tous les enseignants participant au projet ont mis en place des séances de science proposées par l’équipe de la Fondation La main à la pâte, les Centres Pilotes de Nancy, Troyes et Nogent-sur-Oise. Objectif : développer l’esprit scientifique et ainsi outiller l’esprit critique. La pédagogie adoptée est celle de l’investigation, avec un fort accent sur les activités pratiques. Les enseignants ont pu profiter d’une séance de formation préalable à l’action en classe.
Une enquête a été menée auprès des enseignants (16 ont participé au projet, 10 ont répondu au questionnaire). Elle a montré leur forte motivation pour une éducation visant créativité et esprit critique. Les enseignants se sont majoritairement dits confiants dans la possibilité d’éduquer à ces deux dimensions, et ceci, de façon intégrée à tout type de contenu scolaire. En revanche, ils se sont montrés sceptiques quant à la possibilité d’évaluer la créativité et l’esprit critique de façon objective, du fait de la charge de travail que cette évaluation pourrait représenter.
Les résultats du projet
Les résultats du projet sont aujourd’hui regroupés dans un volume édité par l’OCDE. Ce document comporte des séquences d’activités exemplaires pour éduquer à l’esprit critique et à la créativité. Il rapporte également les résultats d’études menées dans les différents pays pour évaluer la réception d’outils pour le suivi des progrès des élèves dans les deux dimensions : l’esprit critique et la créativité.
Un Groupement d'intérêt scientifique à l'Inspé Paris
La Fondation La main à la pâte est membre associé du Groupement d’intérêt scientifique (GIS) "Réseau de Recherche en éducation, enseignement et formation de l’Inspé Paris" (Rreefor-Inspé) créé en septembre 2020.
Six thématiques structurent ce GIS :
- Nature et circulation des savoirs disciplinaires en classe et en formation ;
- Formation, pratiques, spécialités enseignantes et éducatives ;
- Mondialisation, innovations, évolutions professionnelles et curriculaires ;
- Publics scolaires, socialisation et apprentissage ;
- Enseigner, former et apprendre avec et par le numérique ;
- Cognition, cerveau et apprentissage.
Les actions engagées par le GIS sont ouvertes à l'ensemble des équipes et laboratoires de ses membres ou membres associés qui sont concernés par ses activités.
Membres : Sorbonne Université, le Centre national de la recherche scientifique, l'Université de Paris, l’Université Panthéon Sorbonne, l'Université Sorbonne Nouvelle, l'Institut national des langues et civilisations orientales, le Muséum national d'Histoire naturelle, le rectorat de l’académie de Paris.
Membres associés : Le Réseau Canopé et la Fondation La main à la pâte.
Sciences cognitives et éducation, un GDRI
En 2015, un groupe de spécialistes des apprentissages scolaires, psychologues et spécialistes des sciences de l’éducation, s’est rassemblé dans le Groupement de recherche international (GDRI) « Neurosciences cognitives et école », financé par le CNRS. L’objectif : mettre en relation les nombreuses disciplines des sciences cognitives avec les apprentissages scolaires, envisagés dans leur plus grande diversité. L’opération a abouti à la rédaction d’une série d’articles de vulgarisation à destination des enseignants sur les apprentissages scolaires et les variables psychologiques qui les influencent. Les articles se veulent didactiques, écrits de manière simple. Ils sont tous accessibles en ligne, à cette adresse.
Qu’a fait La main à la pâte dans le cadre de ce projet ?
La Fondation La main à la pâte a intégré le projet pour y apporter sa connaissance du milieu éducatif, afin de faciliter le dialogue entre celui-ci et le monde de la recherche en psychologie. Elle a diffusé le questionnaire via ses réseaux et a contribué à l’analyse des réponses, afin d’en extraire des indications pratiques sur les thèmes à traiter de manière prioritaire. La Fondation a aussi participé à l’édition des contributions et participe encore à leur diffusion.