Questions aux experts
Biodiversité et évolution
Chaîne alimentaire et denture
Bonjour,
Doit-on nécessairement traiter de la denture en lien avec les régimes alimentaires ? N'est-ce pas trop réducteur ? (Quid des oiseaux, insectes...) Et dans le cas contraire, si un élève me demande comment savoir si un insecte (dytique par ex.) est zoophage que lui répondre ? (Pas assez de végétaux à un moment, et il a dû "s'adapter "? )
Merci.
Bonjour,
Il y a de nombreux exemples de longues durées d'adaptations d'espèces ou de groupes taxonomiques à un régime alimentaire, qui aboutissent à des dentures typiques de carnivores, piscivores, insectivores, herbivores...
Et ces dentures assez typiques dans de nombreux groupes différents sont souvent de bons exemples de convergence évolutive.
Donc les dentures (pour les espèces qui en ont !) selon les régimes alimentaires sont une assez bonne illustration, mais les dentures ne sont pas les seuls paramètres importants pour l'alimentation.
Par contre, un autre contexte est celui d'espèces qui, dans un groupe phylogénétique où domine un régime alimentaire ancestral, ont une évolution vers un autre régime alimentaire assez différent.
La question sur le contexte évolutif est importante, car sa formulation finaliste est à expliquer correctement.
(Elle laisse penser que le dytique "choisit" de devenir zoophage en l'absence de végétaux : "Pas assez de végétaux à un moment, et il a dû "s'adapter "?").
L'évolution des régimes alimentaires, et plus généralement le contexte alimentaire est une force évolutive importante à considérer.
On peut illustrer les transitions évolutives de régime alimentaire par quelques exemples bien connus.
Par exemple :
- le panda qui dans un groupe carnivore/omnivore a évolué vers un régime essentiellement bambou, avec des évolutions surtout du système digestif et du "pouce" (cf le livre "Le pouce du panda" de SJ Gould), plus que de la denture (molaires plus grandes et broyeuses),
- la radiation évolutive des pinsons de Darwin aux Galapagos, qui illustre la diversification des formes de becs par rapport à l'espèce ancestrale selon l'adaptation à des régimes alimentaires spécialisés
Cordialement.
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Dans le cadre des programmes de l'école élémentaire , il s'agit pour l'élève de mettre en relation les caractéristiques de la denture et le régime alimentaire . Des observations de têtes osseuses ( réelles ou photographiées) permettent de comparer les dentures et de faire des hypothèses concernant le régime alimentaire. Vous pouvez ensuite rechercher des réponses en emmenant les élèves dans un parc zoologique ( en vous rapprochant du service éducatif), en écrivant à un spécialiste (ce qui permettra aussi de travailler des compétences transversales dans la maîtrise de la langue), en faisant faire une recherche documentaire.
Pour les autres animaux que vous citez, la démarche peut être la même , à savoir observer des têtes d'insectes avec des pièces buccales, décrire les ressemblances puis les différences pour proposer le type de régime alimentaire. Vous pouvez aussi élever des phasmes , les observer entrain de manger , et observer leurs pièces buccales ( ils sont phytophages). Ils serviront de référent pour ensuite comparer à d'autres pièces buccales.
Avec cette thématique et cette démarche , vous favoriserez le questionnement des élèves et aborderez la notion d'adaptation.
bonne continuation
Colette Schatz
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Vos questions soulèvent de nombreuses réflexions. Voilà quelques pistes de réflexions qui ne se veulent pas exhaustives…
La denture (d'un mammifère) ou la forme du bec chez les oiseaux ne sont pas les seuls caractères impliqués dans l'alimentation. La stratégie de recherche des aliments est également importante. Elle est différente pour un animal mobile qui va mettre en jeu ses organes sensoriels pour détecter ses proies (vue, olfaction…) puis les attraper. Quant aux animaux fixés (anémones, moules…), l’alimentation sera amenée par le milieu (milieu aqueux le plus souvent). Cette alimentation est sous la forme de particules qui sont soit ingérées directement (si suffisamment petites), soit broyées si elles sont plus grandes ou d’une taille équivalente à l’animal.
Quand vous parlez des oiseaux, la forme du bec est nécessairement importante :
1/ l’oiseau granivore aura un bec plus épais et robuste (casse noix..),
2/ l’oiseau insectivore aura un bec plus fin (mésange, pic),
3/ l’oiseau carnivore aura un bec crochu pour détacher la chair des os (rapaces…),
4/ l’oiseau « filtreur » un bec à lamelles qui fonctionne comme les fanons d’une baleine (le flamand).
Il ne faut pas oublier que chez l’oiseau, le gésier permet de broyer les aliments durs… et donc le bec n’est pas le seul à être impliqué dans l’alimentation…
En ce qui concerne les insectes, la forme des pièces buccales favorisera un type d’alimentation, plutôt qu’un autre ; par exemple :
1/ Les piqueurs (moustiques) qui aspirent le sang ou la sève (pucerons).
2/ Les suceurs (papillons) qui vont aspirer le nectar des fleurs.
etc
Concernant les dytiques, ils sont carnivores ; ils ont les pièces buccales en conséquence. Ils se nourrissent au stade larvaire, comme au stade adulte de larves (têtards, salamandres…), de vers de vase, d’alevins. La larve possède un « équipement » enzymatique qui lyse les organes de ses proies.