Questions aux experts

Votre question est large et l'on ne peut y répondre de manière tranchée. Je vais donc essayer de vous donner «ma» réponse.
Je ne sais pas si les scientifiques ont un mode de pensée particulier, mais si l'on entend par réflexion « l'acte de l'esprit qui revient sur ses pensées », je pense qu'avant d'arriver à cette réflexion, il y a une première étape nécessaire : amener l'enfant à revenir sur ses actions avec le langage.
L'enseignement des sciences à l'école maternelle doit mettre les enfants en situation et leur permettre d'utiliser le langage comme outil d'évocation.
Par la mise en mots de situations vécues, l'enfant accède progressivement au concept et peut se représenter le monde.
Il pourra aussi faire connaître aux autres ses représentations.
L'enfant qui devient capable d'évoquer mentalement une situation ou un objet, pourra y revenir par la pensée.
Pour répondre à votre question, cette «ébauche de réflexion» n'est-elle pas cette évocation ?
Vous l'aurez compris, découvrir le monde, c'est d'abord agir dans ce monde, le mettre en mots pour permettre à l'esprit de le concevoir hors contexte.
C'est pourquoi les nouveaux programmes s'axent autour de thèmes proche du vécu des enfants. Le maître va aider l'enfant à posséder le vocabulaire nécessaire pour décrire les actions qu'il fait, les objets qu'il utilise. Il va aider les enfants à construire un référentiel commun.
Ensuite, il les guidera dans l'observation pour les amener à «se poser des questions». (N'est-on pas encore ici dans un mode de pensée scientifique?).
Mais ce travail ne peut être fait qu'à long terme.
L'habitude de réfléchir, de se poser des questions, de chercher des réponses se travaille tout au long du cycle 1 dans une programmation des concepts qui permet à l'enfant de construire ses représentations en affinant sa perception du monde.
Pour faire plus imagé, pensez à la première fois qu'un enfant réalise un puzzle.
Il essaie par tâtonnement puis le maître oriente son regard vers les formes, le dessin, les couleurs. L'aide du maître devient de moins en moins nécessaire et l'enfant réalise des puzzles avec des pièces de plus en plus nombreuses ou des représentations plus abstraites.
Chaque enfant est différent mais l'enfant de moins de 6 ans à qui il a été donné l'occasion de vivre des démarches d'investigations autour des thèmes proches de son vécu pourra se poser des questions et essayer d'y répondre.
Voilà pour «ma» réponse en espérant vous avoir donné de quoi « réfléchir ».
Caroline Verpillot