Questions aux experts

Bonjour,

Voyage au centre de la Terre de Jules Verne pourquoi pas, mais il faudra faire très attention à demeurer dans le domaine strictement volcanique.

Tout le problème, comme vous le dites, est effectivement de savoir si les éléments du récit sont scientifiques ou viennent de l'imaginaire.

1/ A-t-on le droit de parler de lave à l'intérieur d'un volcan alors que la lave est sensée se former au contact de l'air ambiant ?

les laves sont des liquides contenant plus ou moins de cristaux dispersés (pour être rigoureux, il faudrait dire qu'elles présentent toujours une importante phase liquide). Par extension un liquide chargé contenant plus ou moins d'éléments emballés peut être dénommé lave (on parle de laves torrentielles pour des coulées de boue encore dénommées "lahars"). Il n'est donc pas très rigoureux de parler de blocs de laves sur lesquels on peut s'asseoir. Toutefois, le terme de lave pour désigner des roches volcaniques provenant du refroidissement de laves a tendance à passer dans le langage courant (cf les publicités pour Vulcania ou certaines eaux minérales). Evitez de parler de roches "séchées" ou pire encore de pierre "séchée"; il s'agit de matériel solidifié par refroidissement.
Il y a de la lave à l'intérieur des volcans. Un volcan, c'est une tuyauterie qui fait communiquer un réservoir de roche fondue (on appelle cela une chambre magmatique) avec la surface. La lave ne se forme pas au contact de l'air ambiant; elle arrive toute formée ; son contact avec l'air ambiant (avec l'oxygène) entraîne des réactions d'oxydation qui sont exothermiques et donc augmentent la température.

2/ à un moment, les héros trouvent une source d'eau souterraine. Je souhaiterais savoir jusqu'à quelle profondeur dans la terre on peut trouver des sources souterraines ?

Il y a de l'eau dans le manteau terrestre, donc très profondément (2 900 km) mais trouver une source est une autre histoire.
Une source nécessite qu'existe une masse suffisante d'eau liquide et que celle-ci vienne au contact avec une surface. En général, l'eau est présente dans des nappes aquifères, c'est-à-dire que de l'eau liquide et mobile imbibe une roche. Cette roche doit comporter des espaces vides (entre les grains qui la constituent comme les sables, ou dans des fractures comme dans les calcaires souvent) : elle est poreuse. De plus, ces espaces doivent communiquer pour que l'eau circule (elle est perméable). Ces nappes peuvent exister jusqu'à d'assez grandes profondeurs (4 à 5 km), mais il est hors de question qu'il y ait des sources (si on est à 5 km, on n'est pas en surface!).
La seule possibilité de trouver des sources souterraines est d'être dans un système karstique, donc en terrain calcaire fracturé et parcouru par des réseaux où circule l'eau. Un bon exemple est le système du gouffre Berger en Vercors; l'eau de la résurgence de Sassenage est à près de 1 100 m plus bas que l'entrée du gouffre.
Dans le cas des systèmes volcaniques, il y a bien de l'eau mais sous forme de vapeur (en fait en état supercritique); elle est évacuée sous forme de vapeur (la "fumée" blanche des volcans) ; près de la surface elle peut se condenser si la température est inférieure à la température d'ébullition (100 °C à 0 m d'altitude) et former des petits réservoirs qui alimentent les geysers.

Je trouve l'idée de transversalité excellente et partir d'un ouvrage littéraire me semble intéressant.
En revanche, je ne conseillerais pas Voyage au centre de la Terre en première approche si l'on souhaite faire comprendre le volcanisme ou ses manifestations : je l'utiliserais en fin d'étude, pour développer par exemple l'esprit critique des élèves, leur apprendre à dissocier l'observation réelle scientifique et la part d'imaginaire.
En revanche, je suis sèche : je ne vois aucun ouvrage à conseiller : quelqu'un a-t-il un BD à proposer : un Alix à Pompei ? un Tintin sur des volcans ? autre ? un film ?
Voilà, ce n'est pas la réponse attendue peut-être mais j'espère mettre en garde sur le livre de Verne qui, merveilleux et créatif, nous emmène dans un monde qui n'est pas celui du volcanologue.

Bon courage
Monica Rotaru