L'observation en sciences

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L'observation en sciences

Bonjour.
Je suis en PE2 et je prépare un mémoire sur les sciences.
Je voudrais savoir la différence entre l'observation durant la leçon de choses et l'observation avec La main à la pâte et l'observation selon le plan PRESTE.
Merci par avance pour votre réponse.
Cordialement
Aurélie Flahaut

Fri 10/10/08 - 09:44

Chère Martine,

La conception de l'observation est certainement liée à la conception, plus générale, que l'on se fait de la science et de son enseignement.

On lit, ou l'on entend dire, que l'observation est première, qu'elle est le point de départ de toute démarche d'investigation.
C'est d'ailleurs la première initiale de la "traditionnelle" démarche O.H.E.R.I.C. (Observation, Hypothèses, Expérimentaion, Résultats, Interprétation, Conclusion).
Les manuels scolaires des années 1950 commencent souvent par une rubrique "Observons et répondons".
Dans cette rubrique, toute une série de questions sont posées à l'élève.

Il se trouve, cela est très bien montré dans plusieurs ouvrages dont "Qu'est-ce que la science ?" de Alan Chalmers (ed. La Découverte) que, plusieurs personnes, placées face à une même situation, n'observent pas toutes la même chose !
On pourrait dire que l'on observe avec les "yeux de l'esprit", avec ce déjà-là conceptuel qui est propre à chacun d'entre nous. Ainsi, je serai tenté de vous dire que l'observation doit être guidée, orientée par une question préalable.

Si vous dîtes, par exemple, à vos élèves d'observer plusieurs animaux (dans le but- connu de vous- d'en faire un classement), ils ne vont pas se focaliser d'emblée sur ce que vous attendez...
Si vous leur demandez : "recherchez ce qui est commun à tous les animaux présents", vous orientez leurs observations dans une direction particulière qui sera certainement plus productive.

Une fois que l'observation est orientée (qu'elle répond donc à un problème, à une question), que les élèves ont focalisé leur attention sur ce qui était pertinent, vous pouvez développer des compétences plus fines.

La représentation graphique de ce qui a été observé (le dessin d'observation) s'améliore lorsque les connaissances que l'élève a de l'objet à représenter s'affinent... On pourrait donc dire que ce qui est dessiné (après plusieurs séances) par l'élève est très révélateur de ce qu'il a finalement compris.

C'est ainsi que l'on voit le bon nombre de pattes sur un dessin d'abeille alors qu'initialement les élèves en représentaient 8, 10, 2 ou 12 !

L'activité de représentation (dessin) est conjointe avec un acte de langage qui consiste à "nommer" : il est important que l'élève puisse nommer ce qu'il est en train d'observer.
Le mot "patte" , par exemple, n'est pas forcément connu des élèves de maternelle et il faudra le faire construire.
C'est après avoir observé de nombreuses pattes (d'insectes mais d'animaux plus communs comme le chat, le chien, le lapin, la poule,...) que l'élève sera capable de repérer les pattes de divers animaux. Ainsi, ce n'est finalement pas un mot que vous venez de faire construire mais un "concept" (dont le domaine d'extension s'étendra avec les nouvelles "expériences" que l'élève fera au cours de sa vie).

Est-ce aisé de développer des capacités d'observation ?

Je dirai que c'est aisé dans la mesure où les élèves sont curieux (ou rendus curieux par leur enseignant) et qu'ils doivent chercher, à travers l'observation, la réponse à une question initiale.
Le travail de l'enseignant ne consiste pas à dire à l'élève ce qu'il DOIT observer (sinon il fait le travail à la place de l'élève...) mais plutôt à étayer, à guider, à accompagner l'élève dans cette activité.

Cette médiatisation entre la chose à observer et l'élève est conduite par l'enseignant grâce au langage (consignes qui deviennent plus précises, etc.).
Pour terminer, mes élèves de CE1 n'ont pas été capables, à l'issue d'un travail de plusieurs séances, de dessiner correctement le niveau de l'eau ainsi que les bulles d'air dans l'expérience qui consiste à faire passer l'air d'un gobelet dans un flacon rempli d'eau (voir : http://pedagogie.ac-toulouse.fr/ariege-education/sciences09/sciences_en_...)...

Je n'en ai pas fait un drame !

Cela m'indique qu'ils ne sont pas encore capables de conceptualiser ce transvasement de l'air et qu'il ne me servirait pas à grand chose d'essayer de leur imposer le "bon" dessin.
Je dirai pour conclure : on ne peut pas "voir" ce que l'on n'est pas capable de "conceptualiser".

dim 06/06/2004 - 12:46
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mstallae@gmail.com

Bonjour.

La grande différence entre l'observation de la leçon de chose et celle de la démarche La main à la pâte ou celle du PRESTE
( et de la démarche d'investigation préconisée dans les programmes 2008... si vous faite un mémoire PE2..!.)
réside dans le fait que l'observation est un mode d'investigation qui s'inscrit dans la démarche.

On observe pour répondre à une ou des questions.
Dans la leçon de choses, l'observation était un préalable lié à l'idée qu'il fallait partir du concret avant d'aller vers l'abstrait. Elle n'était pas sous tendue par un questionnement préalable.
Exemple : on peut d'emblée demander à des élèves de dessiner un escargot... cela conduira à un dessin d'observation... On est dans quelques chose d'apparenté à la leçon de choses .

Si, au préalable,  vous demandez aux élèves de dessiner un escargot (émergence des représentations initiales, de ce qu'ils savent avant l'apprentissage), que vous analysez les dessins avec eux, la confrontation révèle des divergences (par exemple, certains élèves ont représenté une coquille spiralée dans un sens, d'autre élèves dans l'autre sens, certains élèves ont représenté des yeux et une bouche comme l'humain, d'autres élèves deux tentacules terminés par une petite boule, etc., selon l'âge des élèves...).

L'observation qui suivra sera une investigation dans le sens où chaque élève va essayer, par l'observation, de répondre aux questions posées collectivement... (exemple : quel est le sens de l'enroulement de la coquille, les escargots ont-ils yeux et bouche, y a-t-il des boules au bout des tentacules ? etc.)...et vous verrez une réelle évolution des dessins de vos élèves...(même jeunes !)

Vous trouverez tout ce que vous souhaitez pour réfléchir à ce qu'est l'observation :

- dans l'excellent livre de Jack Guichard, Hachette éducation  "Observer pour comprendre les sciences de la vie et de la Terre" ; voir la bibliographie également.
- page 41,  "De la découverte du monde à la biologie aux cycles 1 et 2, Maryline Cantor, Nathan pédagogie.

Vous trouverez des repères et biblio sur la leçon de choses dans "sciences à l'école , quelle histoire"  téléchargeable sur le site de lamap 
ici.

Cordialement
MAryvonne STALLAERTS

lun 20/10/2008 - 13:53
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Réponse de Colette Schatz (Professeur à l'IUFM d'Alsace) :

Bonjour

L'observation est une démarche d'investigation scientifique (d'après Jack Guichard), ce n'est pas seulement un regard sur le monde. L'observation répond à un questionnement, elle oblige à sélectionner.
Par exemple, on peut attirer l'attention des élèves sur quelque chose en les faisant comparer des dessins réalisés, puis on confronte au réel pour comprendre et construire une nouvelle connaissance. L'observation est une activité investigatrice  progressive  dès la maternelle (voir les instructions officielles 2008).
Mais on construit son observation par référence à ce que l'on connaît déjà. Il s'agit donc aussi de réorganiser les modèles, les connaissances, en faisant apparaître des relations, en comparant.
Je vous conseille la lecture du livre de Jack Guichard "Observer pour comprendre".
La main à la pâte insiste sur la démarche d'investigation scientifique non linéaire et dont l'observation est une composante ;
consultez le document  sur le site  "L'élevage du Ténébrion meunier" (rubrique formation) qui vous fera comprendre de manière pratique en quoi l'observation est une démarche scientifique.
Le PRESTE met en évidence l'intérêt d'une culture scientifique (BO 15/6/2000) ; les termes sont repris dans les instructions officielles 2008 du cycle 3.
L'observation durant une leçon de choses était essentiellement descriptive.
L'écrit professionnel de l'année de PE2 (et non plus un mémoire) devrait vous permettre une approche réflexive.

Colette Schatz

jeu 06/11/2008 - 12:45
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