Croire, savoir : ça veut dire quoi ?

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Croire, savoir : ça veut dire quoi ?

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Cycle 2

Type de ressources

Sequence of activities

Type d'activité

Contributeur(s)

Thème(s) pédagogique(s) 1er degré

Cette activité permet de prendre conscience qu’observer et décrire (un phénomène ou un objet) sont deux activités distinctes de celles qui consistent à interpréter et à expliquer sur la base des observations menées et des inférences qu’on en tire. Notamment, plusieurs interprétations sont possibles pour un même ensemble de données d’observation. Elle permet également, tout en réfléchissant aux questions que l’histoire soulève (notamment autour du savoir…) de construire un raisonnement logique en s’appuyant sur les idées et les avancées du groupe, afin de vérifier si interpréter suffit pour accéder à la réalité. L’activité aide parallèlement les élèves à apprendre à argumenter leurs propos et à justifier leurs idées, en revenant par exemple sur les observations pour mettre en exergue les différentes interprétations possibles dues aux inférences.

Activité : 7 souris dans le noir

(Cette activité a été développée par Sylvie Bacalu, Professeur des écoles, et réalisée dans une classe de CE1)

Objectif général : Apprendre à distinguer entre savoirs collectifs et opinions personnelles
Déroulé et modalités :

Les élèves s’engagent dans une discussion à visée philosophique, à partir de la lecture commune d'un album jeunesse. Les élèves:

- Ecoutent une histoire lue. Observent et décrivent. Manifestent leur compréhension par une reformulation. Réfléchir aux questions que l’histoire soulève. Proposent des interprétations.

- Construisent  un raisonnement logique en s’appuyant sur les idées et les avancées du groupe. Argumentent leurs propos.

- Reviennent sur l’observation pour mettre en exergue les différentes interprétations possibles dues aux inférences.

- Tirent les conclusions de ce raisonnement pour montrer que les inférences impactent la réalité (exemple : la description partielle et partiale de l’objet donne des réponses diverses, alors que décrit objectivement et entièrement, le consensus a se fait naturellement.)

L'enseignant:

- Engage les élèves dans l’activité d’écoute, de reformulation, d’observation ; les guide dans la conceptualisation,  les aide à verbaliser et à expliciter les concepts. 

Durée : 45 min à 1h
Matériel :

Pour l’enseignant :
• La Fiche 1 « comment mettre en place une activité de discussion à visée philosophique ? »
• Suggéré : Album « 7 souris dans le noir » de Ed Youg, Edition Milan 1995 (ou autre album de contenu analogue, ou histoire racontée par l’enseignant)

Résumé : Sept souris aveugles tentent tour à tour de formuler des hypothèses pour percer le mystère d’une chose étrange. Chacune en explore une partie et donne une réponse, jusqu’à ce qu’un petit souriceau ait l’idée d’explorer la chose entièrement.

Message à emporter : Quand je regarde, je me fais des idées. Je n'ai pas toujours raison. Si je discute avec les autres, je peux découvrir d'autres manières de voir la chose. Peut-être parce qu'ils ont observé d'autres aspects que moi. Si j'explore plus, si on met ensemble toutes nos observations on a plus de chances que nos idées soient correctes. Pour arriver à connaitre quelque chose, il faut en observer plusieurs asepcts avec attention, sans sauter tout de suite aux conclusions. 

 

Clés pour la mise en oeuvre

Cette activité permet de prendre conscience qu’observer et décrire (un phénomène ou un objet) sont deux activités distinctes de celles qui consistent à interpréter et à expliquer sur la base des observations menées et des inférences qu’on en tire. Notamment, plusieurs interprétations sont possibles pour un même ensemble de données d’observation.

Elle permet également, tout en réfléchissant aux questions que l’histoire soulève (notamment autour du savoir…) de construire un raisonnement logique en s’appuyant sur les idées et les avancées du groupe, afin de vérifier si interpréter suffit pour accéder à la réalité.

Collectivement, on va tirer les conclusions des propositions faites pour montrer que les inférences impactent la réalité (exemple : la description partielle et partiale de la chose donne des réponses diverses, alors que décrite objectivement et dans son ensemble, le consensus se fera naturellement.)

En effet, lors de l’activité de discussion à visée philosophique autour de cet album de littérature de jeunesse, les élèves sont presque tous en accord avec les propositions des six premières souris (les illustrations aidant fortement.)

Puis, lorsque la septième souris va se pencher sur la question, qu’elle va proposer sa solution en s’étant appuyée sur les propositions des autres souris, qu’elle ira vérifier par elle-même,  elle accèdera enfin à la vérité. Cette quête aura été rendue possible grâce à une recherche objective, mais qui tenait compte des propositions déjà émises.

L’activité aide parallèlement les élèves à apprendre à argumenter leurs propos et à justifier leurs idées, en revenant par exemple sur les observations pour mettre en exergue les différentes interprétations possibles dues aux inférences.

En (se) posant les bonnes questions, la discussion va progresser vers une argumentation de plus en plus fine, menant ainsi le groupe vers l’idée qu’il ne suffit pas de décrire pour trouver, car il est nécessaire de s’éloigner de l’interprétation personnelle inhérente à toute observation.

En effet, lors d’une description, il est naturel pour un enfant (ici ce sont les souris) de  faire appel à ce que l’on sait plutôt que de rester factuel en décrivant ce que l’on voit. En effet, les six premières souris vont imaginer l’objet d’après une description tactile.

Enfin, la discussion philosophique autour de la question du savoir (particulièrement avec cet album) permet de montrer  que la connaissance s’acquiert à différentes conditions : en plusieurs étapes, en mettant de coté ses interprétations, en tenant compte des avancées déjà réalisées, en restant patient et méthodique, et enfin grâce aux échanges avec d’autres. 

Notes :

  • Si l’enseignant ne peut pas se procurer le livre suggéré (qui permet de dégager ce genre de réflexion), il peut le substituer par un autre ouvrage de son choix de contenu similaire, ou raconter lui même une histoire inspirée de celle du livre et résumée ci-dessus.
  • Cette activité peut être menée en CP. 
  • Il est intéressant de prendre des notes au cours des deux activités de discussion, afin de constater l’évolution des points de vue avant et après les activités scientifiques, ainsi que l’affinement de la distinction entre opinions et connaissances dans l’esprit des élèves.

Déroulé possible

Phase 1 : Les élèves sont regroupés autour de l’enseignant (coin lecture, fond de classe, bibliothèque…) de façon à bien se voir et face à l’enseignant qui présente la 1ère de couverture en ayant caché le titre.

  • On fait quelques suppositions sur ce que cela va raconter. L’enseignant montre et fait lire le titre. De quoi cela pourrait-il donc parler ? 
  • L’enseignant lit ensuite l’histoire en s’assurant de bien montrer les images à tout le groupe.
  • Ensuite on reformule l’histoire, on interprète, on livre ses opinions, son ressenti… 

L’enseignant pourra poser des questions comme «  que fait la 1ère, 2ème, 3ème… souris ? que se passe-t-il quand… ? pourquoi à votre avis, commencent-elles à se disputer ? Qu’aurait-il pu se passer d’autre au milieu, à la fin… ? Finalement pourquoi la dernière souris rend-elle toutes les autres d’accord avec elle ? Que veut nous dire la phrase finale ?

Phase 2 : On s’installe pour la discussion : « Et vous que pensez-vous de cette histoire ? » On laisse alors la discussion s’ouvrir. On accepte les silences, les redites concernant ce que fait chaque souris. 

Phase 3 : Possiblement, la semaine suivante voire 15 jours après, l’enseignant reprend la discussion. « Aujourd’hui on va réfléchir à deux mots : Croire et savoir ; ça veut dire quoi ? C’est quoi la différence entre croire et savoir ? »

  • La séance peut être menée de façon assez libre.
  • L’enseignant veillera à mener la discussion de façon à ce que celle-ci ne se contente pas d’être une simple conversation sur le thème des croyances (moi je crois en … ) ou un débat d’idées sur les différentes croyances qu’on peut avoir ; il est nécessaire de mener le groupe vers une réflexion plus générale en s’éloignant de son expérience personnelle, même si elle est importante et apporte un plus à la conceptualisation construite par le groupe.

La classe produit ici des définitions des deux notions, chacun le fait d’après ses expériences personnelles, souvent avec en toile de fond la lecture de l’album 7 souris dans le noir.

Les investigations et interprétations des 6 premières souris montrent clairement le coté subjectif  des inférences.

  • Si les élèves ne les ont pas déjà soulevés, l'enseignant portera leur attention sur ces éléments ; puis il reformulera ainsi les choses (avec un vocabulaire adapté à l’âge des enfants):

Toutes les interprétation semblent d’abord aussi valables les unes que les autres.

Les inférences semblent fondées sur l’observation objective (dessin) mais la cécité des souris est là pour dire au lecteur que ces inférences ne suffisent pas pour correspondre à la réalité.

 Il faudra plusieurs vérifications, s’appuyant sur toutes les interprétations déjà faites pour aboutir à la réalité.

On a donc besoin de celles-ci pour construire une image objective de la réalité mais, seules,  elles ne suffiront pas.

Extrait de transcription de séance menée avec une classe de CE1, février 2016.

(Chaque tiret correspond à un élève différent. Les relances, questions et reformulations de l’enseignant ne figurent pas dans cet extrait.)

- Savoir c’est croire quelque chose qui est vrai. Croire c’est imaginer quelque chose qui peut être faux. 

Savoir c’est être sur de soi et avoir bon ; par exemple, quand tu fais tes maths et que tu as finis, tu es sur d’avoir tout bon.

Savoir c’est être sur de quelque chose ; par exemple que la mer est profonde, savoir ses tables de multiplication, savoir lire et écrire bien…

Savoir c’est pas pareil que croire : par exemple, il est sur de ses tables de multiplication alors qu’il croit être le pus fort mais peut-être qu’il ne l’est pas.

Savoir c’est penser que l’on dit toujours vrai.

-  Savoir c’est être sur, alors que croire on n’est pas sur. Pour être sur, on vérifie, mais si on vérifie mal, ça ne sera pas vrai. On peut vérifier de différentes façons.

-  Dans l’histoire des 7 souris, les souriceaux n’ont pas assez vérifié, alors ils se sont trompés, mais Souricette a fait tout le tour de la « chose » et a trouvé ce que c’était vraiment.

-  Parfois on sait quelque chose alors que c’est faux. Ce n’est pas suffisant de voir pour savoir.

-  Parfois on est sur de ce qu’on dit mais en fait ce n’est pas vrai. Et on peut croire que ce n’est pas vrai mais en fait c’est vrai !

-   Il faut réfléchir avant de dire des choses. 

-  Dans l’histoire, les souriceaux réfléchissent un peu mais Souricette a réfléchi plus que les autres. Elle a aussi plus d’imagination.

-  Croire, ça peut créer des disputes ; par exemple je peux croire que je connais bien ma table de 4, mais en fait je la connais mal. Savoir c’est par exemple quand les policiers savent que le voleur est passé par là car il a laissé des traces.

-  Les autres souris croient savoir ce que c’est mais pour bien savoir, il faut que la 7ème souris vérifie dans tous les coins ; ainsi elle est sure d’elle.

-  Dans l’histoire des souris, la dernière souris a fait plusieurs fois le tour et elle s’est posée des questions ; puis elle a su que c’était un éléphant.

-  Savoir : Tu sais un truc et tu sens que c’est vrai. Croire, c’est quand tu n’es pas sur de toi. Dans l’histoire, les souris n’étaient pas sures, elles pensaient savoir mais elles n’avaient pas trop réfléchi. Réfléchir, ça nous sert beaucoup dans la vie et savoir aussi, ça sert beaucoup, parce que quand tu es grand et que tu as un métier, ça sert de savoir mais aussi de croire.

Phase 4 : La classe produit une trace de la réflexion menée. Il est possible de produire différentes sortes de traces écrites :

-       Panneau collectif avec phrases simples écrites en amont par des élèves, corrigées par l’enseignant.

-       Ecrit individuel et personnel (liberté de format).

-       Ecrit individuel ayant pour but d’être lu aux autres (avec des consignes d’écriture précises).

-       Panneau collectif écrit par l’enseignant sous forme de dictée à l’adulte.

-       Dessin légendé. Dessin sans légende.

-       Réalisation parallèle d’un résumé de l’histoire avec illustrations.

Evaluation

L’évaluation de ce type d’activité est bien sûr délicate, et ne peut pas s’apparenter à une évaluation sommative. Elle sera formative, en cours de séquence, et fera l’objet d’une « validation » bienveillante, car elle sera le reflet d’une réflexion en cours de construction.
Nous proposons ici une grille d’observation, qui pourra guider l’enseignant dans cette évaluation. Si les activités de discussion se répètent régulièrement, il pourra utiliser cette grille comme un outil d’évaluation de la progression de chaque élève et de la classe par rapport à cette typologie d’activité. D’autres grilles seront proposées sur le site internet du module, orientées sur le langage, les arguments développés…

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