Questions to the experts
Ciel, Terre, Univers
Tectonique des plaques
Bonjour,
J'ai besoin d'un éclairage scientifique en ce qui concerne la tectonique des plaques.
1° question :
Je comprends bien que les zones de subduction créent des séismes. En revanche c'est moins clair pour moi en ce qui concerne les dorsales océaniques. Je comprends bien la production de matière au niveau des dorsales liées à une activité volcanique, mais à ce niveau de la croûte terrestre, il n'y a pas de frictions entre plusieurs plaques puisqu'elles s'écartent. Y aurait-il friction entre la lithosphère et le manteau inférieur? Ou bien s'agit-il de séismes dus uniquement à l'activité volcanique ?
2° question :
Je n'ai jamais vu aborder dans un manuel d'explication de la corrélation entre la répartition des océans et la structure de la croûte terrestre. Si je comprends bien la croûte océanique est composée essentiellement de basalte et serait plus fine que la croûte continentale. Peut-on dire que cette structure est à l'origine de dépressions remplies par les océans et qu'elle détermine donc la répartition des océans ? Ou bien est-ce que la présence de grandes quantités d'eau modifie les courants de convection et induit la formation de dorsales océaniques ? Connaît-on l'origine du sens de ces courants de convection ?
Je vous remercie par avance de votre aide. Bien cordialement
Stéphanie Boisseau
Bonsoir,
Sur la question 1 :
La partie superficielle de la croûte océanique (basaltique) est solide ; elle casse lorsque du matériel vient par en dessous d'où les séismes, généralement les magnitudes sont faibles sauf au niveau des failles transformantes où des croûtes anciennes peuvent être concernées (cf la faille de la Romanche en Atlantique avec un très fort décalage)
Sur la question 2 :
La croûte océanique est essentiellement basaltique (basaltes un peu en surface, dolérites pas mal en subsurface, gabbros beaucoup en profondeur ; elle est effectivement plus mince que la cr continentale respectivement 7 à 10 km et 30 à 35 km; elle est nettement plus dense 2,9 à 3 pour 2,7; donc en raison de l'équilibre isostatique elle atteint une altitude plus basse par rapport à la profondeur d'équilibre (base de la lithosphère) donc cela se traduit par des "creux" que remplit l'eau.
Les courants de convection sont dus aux différences de température dans le manteau entre le matériel froid qui descend dans les zones de subduction (parce que plus dense) et le matériel chaud moins dense qui tend à monter. le sens est déterminé par la subduction.
Cordialement,
Mascle Georges
Vous souhaitez aborder ce sujet avec vos élèves ?
Consultez nos ressources pour la classe !
Bonjour,
Sur la 1ère question :
Toute discontinuité de la lithosphère engendre un séisme dès lors que cette discontinuité est associée à un mouvement. Au niveau des dorsales, ce mouvement est un mouvement de divergence, c'est à dire l'éloignement plus ou moins continu de fragments de la lithosphère consécutifs d'une part à la pression du magma qui alimente la chambre magmatique de la dorsale, d'autre part aux mouvements de compression associés qui " tirent " ces fragments et les éloignent. Par ailleurs, comme vous le signalez, il y disjonction entre la lithosphère et l'asthénosphère au niveau des zones de divergence. Ce sont des mouvements horizontaux qui déplacent des quantités énormes de matière. Ce que l'on peut constater, c'est que les séismes enregistrés au niveau des dorsales n'ont pas d'impact direct sur notre vie de tous les jours compte tenu des très grandes profondeurs généralement observées. Cependant ces mouvements de matière déstabilisent l'équilibre précaire de la lithosphère et engendrent automatiquement des séismes, rupture brutale de cet équilibre.
Sur la 2ème question :
Il est essentiel ici d'ajuster le vocabulaire utilisé. Pour éviter une terminologie trop complexe, il est préférable d'utiliser les termes de lithosphère et d'asthénosphère. Ceci permet de simplifier la compréhension du système. En géologie, la notion d'océans et de continents n'est pas abordée sur le même plan qu'en géographie. Le regard d'un géologue sur le relief terrestre (positif ou négatif) n'est pas le même que celui d'un géographe. Lorsqu'on étudie la planète terre sous l'angle des deux enveloppes lithosphère et asthénosphère, on fait abstraction des masses d'eau océaniques et des reliefs montagneux qui ne sont qu'un épiphénomène corrélativement aux grandes dimensions des plaques lithosphériques ou tectoniques si vous préférez. Ainsi on élimine très clairement les relations que vous citez entre la position des masses d'eau océanique et la lithosphère océanique, ainsi qu'une éventuelle relation entre courant de convection et grandes quantités d'eau. Les océans (sens du géographe) sont des masses d'eau comprises entre les continents (sens du géographe). Ces masses d'eau ont des profondeurs variables mais importantes (plusieurs milliers de mètres). Les continents sont pour leur part les terres émergées (hors d'eau). Pour le géologue, les océans sont la représentation à la surface d'une spécificité interne du globe, la lithosphère océanique composée de roches volcaniques et magmatiques (basalte, gabbro, diorite, etc ...). Ces plaques sont relativement jeunes (moins de 200 millions d'années). " Créées " au niveau des dorsales, elles " disparaissent " dans les zones de convergence (subduction). Les continents sont la représentation à la surface d'une seconde spécificité interne du globe, la lithosphère continentale composée essentiellement de roches magmatiques et métamorphiques (granite, gneiss et autres roches métamorphiques). Cette lithosphère continentale peut être recouverte d'eau. C'est la cas de la manche, de la mer du nord, etc ... ce sont des roches parfois très anciennes (3,5 milliards d'années) parfois très jeunes (quelques millions d'années). Cette lithosphère continentale est la conséquence ultime des mouvements de convergence connus sous le terme classique " collision ". Ainsi, il n'y pas de relation directe entre masse d'eau océanique et répartition géologique des fragments lithosphériques. Quant aux mouvements de convection, ceux-ci n'affectent pas de manière directe la lithosphère mais seulement les masses de matières comprises entre 100 et 2900 km de profondeur, à savoir l'asthénosphère et le manteau inférieur. Leur origine est essentiellement le gradient thermique (différence de température) entre la base du manteau et le sommet de l'asthénosphère.
Thierry Chevallier