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Questions to the experts
Biodiversité et évolution
A quoi sert le concept de classification pour les élèves.
Bonjour,
Je suis médiatrice au du Museum des sciences naturelles de Bruxelles. Notre équipe est en train de créer un atelier sur la classification du vivant pour les enfants du cycle primaire.
Lors de nos échanges, notre chef de projet nous a un peu poussé dans nos retranchements, en nous demandant tout compte fait ce que le fait d'apprendre la notion de classification pouvait bien apporter comme motivation aux élèves. En gros : A quoi sa sert d'apprendre à classer le vivant du point du vue d'un enfant, en quoi c'est interressant pour lui de savoir que l'on classe le lézard dans le groupe des squamates plutôt que des reptiles! je dois vous avouez qu'on a eu un peu du mal à répondre et que nos réponses étaient un peu trop "naturaliste" ou "linnéenne" au gout de notre responsable.
Mais les élèves se poseront-ils cette question, chercheront-ils à savoir à quoi sa sert?
Bref, nous aimerions avoir l'avis de spécialistes!
Un tout grand merci pour votre réponse!
PS : Savez-vous où pourrait se procurer la version en néerlandais du livre sur la classification de Mr Lecointre? il est introuvable et mes collègues sont désepérés car du côté néerlandophone on ne parle absolument pas de nouvelle classification!
Etudier la classification du vivant pose les bases de la notion d'évolution. Son étude est donc fondamentale.
En classe, pour les primaires, son étude permet à l'enfant à se situer par rapport aux autres (ses pairs mais aussi les êtres vivants qui l'entourent). Il semble donc logique que les enfants se pose la question : pourquoi on étudie la classification ? En revanche, je pense pour l'avoir fait, que les situations que l'on propose autour de la classification et donc de la diversité du vivant génère des situations d'apprentissages très motivantes pour les enfants et très riches : langage par descriptions de critères morphologiques - même si ce ne sont pas les seuls critères utilisés (séquences ADN, embryogenèse...), relations entre les êtres vivants).
Bonjour,
Il y a pas mal de façon de voir la classification du vivant.
Sans "attaquer" d'emblée par la phylogénie on peut demander aux enfants de trier spontanément des images d'espèces vivantes et voir si, naturellement (ou culturellement ?) ils les classent d'une certaine façon et pourquoi.
Plantes versus animaux, petits/grands, comestibles/non comestibles, gentils/pas gentils.
On pourrait imaginer ensuite de leur montrer comment et pourquoi on associe ou on écarte vertébrés/invertébrés, 10 pattes, 8 pattes, 6 pattes, 4 pattes, plumes/poils/écailles.
Il me semble qu'avant de passer aux squamates, il existe quelques intermédiaires plus directs.
Ou alors qu'est-ce qu'un "poisson" ? Ou qu'est qu'un poisson n'est pas ? Il reste des poissonneries sur les marchés même si les biologistes ne parlent plus beaucoup de poissons. Et pendant longtemps les cétacés étaient des "poissons", comme les castors au Moyen-Age (autorisés à manger pendant le Carême). Penser qu'en anglais un "starfish" est une étoile de mer, un "jellyfish" une méduse (et pas un poisson en gelée), etc., etc.
Je ne sais pas si tout ceci est très utile mais il me semble que l'on peut s'amuser utilement avant de passer à la phylogénie, tout en l préparant.
Aucune idée sur une édition néerlandaise.
Cordialement,
François Moutou
PS idées reprises pour partie à une pédagogue du Muséum, Paris, dont j'espère ne pas trop trahir l'esprit.
Bonjour,
Pour ma part, la classification du vivant pour les apprenants relèvent à la fois d'une meilleure connaissance et reconnaissance des êtres vivants.
C'est autour d'ateliers de ce type, que les élèves pourront prêter davantage attention à chaque règne de façon plus ou moins affinés par des notions anatomique, morphologique ou physiologique. (comme précédemment mentionné, renforcement du vocabulaire, prise de parole en public, esprit analytique, etc.)
Aussi, c'est en apportant cette réponse qu'ils pourront également mieux comprendre l'évolution de la vie et sa diversité : adaptation, spécialisation, extinction, etc.
Pour revenir sur les termes précédemment cités "invertébrés/vertébrés", dans votre animation, certains ne sont plus usuels, il faut donc bien faire attention.
Bien cordialement,
Guillaume
Nature Formation Bretagne
http://nfbretagne.wix.com/nfbretagne
La réponse de Monsieur Moutou confond les opérations de tri (verbe séparer) et les opérations de classification (verbe regrouper) en proposant des exemples de clivages binaires, ce qui conduit à refaire "invertébrés" et des "vertébrés".
Toute l'utilité des séances de classification à l'école, avant même de parler de phylogénie, se résume en quelques points :
- 1. Classer c'est faire des concepts pour communiquer. Classer est essentiel au langage.
- 2. Classer à l'école, c'est comprendre implicitement que les concepts ne sont pas dans la Nature, que c'est nous qui les faisons (passer de l'essentialisme de la plupart de nos élèves au nominalisme scientifique, et ce point est capital pour la réception plus tard de l'évolution). Si c'est l'élève qui fait l'ensemble, et le justifie par une propriété commune à ses membres grâce à l'observation, le tour est joué.
- 3. Classer à l'école, c'est comprendre que toute classification a une intention (un "cahier des charges") : quels types de propriétés nos classifications biologiques ont-elles décidé de retenir ?
- 4. Classer à l'école, c'est comprendre qu'en sciences, on ne fait pas une classe d'objets sur une absence de propriétés. Si l'on se le permettait, nos classifications échoueraient à décrire, circonscrire et expliquer le monde réel (je peux toujours prendre n'importe quelle collection d'objets et faire un ensemble en disant qu'ils n'ont pas ceci ou cela, parce que la liste des propriétés absentes est infinie). On ne confondra donc pas le verbe séparer (en "qui a"/"qui n'a pas"), très utile dans un but pragmatique de clé de détermination, mais impropre à faire des ensembles (une clé de détermination n'est pas une classification), et le verbe regrouper (faire des ensembles emboîtés).
- 5. Classer à l'école, c'est apprendre une hiérarchie par emboîtement (beaucoup plus riche qu'une hiérarchie par empilement chère à l'Echelle des êtres) : la hiérarchie par emboîtement vous montre que rien de ce qui fait de vous un animal (vos attributs d'animal) ne vous empêche d'être humain (par vos attributs d'humains superposés aux précédents). La hiérarchie par emboîtement permet de se mettre soi-même dans le monde vivant, et permet de parler du couple homme-animal ou bien du couple homme-singe autrement que par exclusion, répulsion.
- 6. Classer en biologie à l'école, c'est comprendre que la biologie ne regroupe pas les organismes vivants sur ce qu'ils font, ni sur l'endroit où ils habitent, ni sur la manière dont on les utilise, mais c'est classer sur ce qu'ils ont. Ce qui permet de renouer classification et observation (au besoin par le dessin)
- 7. Classer en biologie, c'est comprendre la raison pour laquelle on classe sur ce que les organismes ont : c'est ainsi parce ce que ce qu'ils ont en partage a été hérité d'ancêtres communs (du moins en fait-on le pari), et qu'ainsi la classification a des chances de refléter les parentés.
G. Lecointre
Bonjour,
Je vous recommande "Descendons-nous de Darwin ?" de Guillaume Lecointre récemment paru (octobre 2015) aux éditions Le Pommier (collection : Les "+ Grandes" Petites Pommes du savoir).
Bonne fin d'année à tous.
Cordialement,
François Moutou
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La classification, telle qu'elle est aujourd'hui faite, se veut le reflet de l'histoire évolutive des êtres vivants. Chercher à la retracer à partir des espèces (actuelles et fossiles), en apprendre la méthode, est comme de participer à une vaste enquête sur l'hisoire d'une "famille" dont tout l'état civil aurait été perdu à jamais, ne restant que ses représentants vivants aujourd'hui et quelques photos de cousins depuis longtemps disparus. Qui est plus proche de qui ? En soi, cette perspective est motivante, et d'autant que cette famille là..... c'est la nôtre !
Je ne sais pas, concernant la version néerlandaise du livre de Guillaume Lecointre, je suis désolée !